Basket-ball gabonais: Entre conflits, malentendus juridiques et crises institutionnelles, Engong et Gladiator au cœur de la mésentente

Par Fabrice Guitrie

Le basketball gabonais traverse depuis plusieurs mois une zone de turbulence où s’entremêlent crise électorale, conflits d’interprétation juridique et gestion autoritaire des divergences. Entre les décisions de suspension, les rappels à la loi, les exclusions d’associations et les recours auprès du Comité National Olympique du Gabon, la Ligue de l’Estuaire (LIBABE) et la Fédération Gabonaise de Basketball (Fégabab) semblent engagées dans un bras de fer qui dépasse les terrains de sport. Voilà que Engong Soldiers et Gladiator divisent encore cette famille au profit des intérêts personnels. 

Mais s'agit-il réellement d'un problème juridique, institutionnel ou d’un conflit d’hommes ? Une crise née de l’élection fédérale. Tout débute après l’élection contestée du président de la Fégabab en janvier 2025 ou un recours est déposé par un candidat malheureux, conformément à l’article 45 de l’arrêté 983, devant le Comité National Olympique. En réaction, la Ligue de l’Estuaire, avec la majorité de ses clubs affiliés, décide de suspendre sa participation aux activités fédérales, invoquant l’attente d’une décision officielle du Ministère des Sports.

Cette position, bien que juridiquement défendable dans un contexte d’incertitude, ouvre la voie à une fracture administrative certains clubs continuent d’agir individuellement, d’autres se retrouvent pris au piège des décisions internes de la Ligue.

Le cas des associations dites "nationales" : une mauvaise interprétation de la loi ?

Un autre point d’achoppement surgit, la participation aux compétitions d’associations nationales. La Ligue de l’Estuaire invoque l’article 47 de la Loi n°033/2020 du 22 mars 2021 qui dispose que les associations nationales œuvrant pour la promotion d’une discipline ne participent pas aux compétitions. En conséquence, plusieurs clubs soutenus ou issus d’associations nationales se voient retirés des activités compétitives.

Mais ce raisonnement semble basé sur une lecture partielle ou erronée du texte législatif. Car le législateur, en encadrant les types d'associations, distingue bien les associations d'utilité nationale (ayant un agrément technique). Les clubs ayant vocation à participer aux compétitions nationales ou internationales, même lorsqu’ils sont constitués sous forme associative. Mais ici Engong Soldiers et Gladiator semble avoir trahi une confiance absolue prise en assemblée.

Or, plusieurs structures exclues disposent bien d’un agrément technique en cours de validité ou en renouvellement, ce qui leur donne, juridiquement, la possibilité de participer aux compétitions. Il aurait donc fallu distinguer entre "association nationale non agréée" et "club structuré disposant d’un agrément". Et une source du Ministère des sports ajoute les textes ne sont pas maîtrisé par ces dirigeants de club chacun prend juste un bout qui l'intéresse.

Le vrai fond du problème : conflit d’intérêts ou lutte de pouvoir ?

Derrière les textes de loi se cache un problème plus profond celui de la gestion du pouvoir dans les instances sportives. La Fédération fait tout pour disperser diviser auprès des ligues qui ne sont pas en bon terme avec elle. De l'autre côté les clubs soutenus par certains dirigeants sont poussés à l'exclusion des décisions sont prises sans concertation globale des oppositions personnelles viennent parasiter le bon fonctionnement du système.

Certains dirigeants, frustrés par les résultats électoraux, tentent visiblement de conserver leur influence par des décisions administratives musclées, quitte à créer une fracture au sein de leur propre structure. Or, une fois le président de la ligue élu il est le président de tous et doit être respecté de tous ainsi que la fédération.

Dans ce climat, les institutions perdent leur neutralité, et la légitimité des décisions devient contestable. La LIBABE, en menaçant de sanctions les clubs qui ne suivent pas sa ligne, tout en prétendant attendre une décision ministérielle, se positionne à la fois comme arbitre et partie prenante. Et si certains clubs qui ont pris cette décision avec la ligue font volte-face au dernier moment c'est aussi une forme de délinquance.

Que faut-il retenir ?

Le législateur a tenté de clarifier les statuts juridiques des entités sportives pour éviter les détournements et l’anarchie. Mais l’absence d’abrogation explicite des anciennes lois crée des zones grises, interprétées selon les intérêts a renchérit une source.

Les fédérations et ligues, au lieu de servir de régulateurs neutres, sont parfois entraînées dans des luttes de pouvoir personnelles, nuisant à la cohésion du mouvement sportif. La participation aux compétitions ne devrait pas dépendre de considérations politiques ou d’affinités personnelles mais de la conformité administrative et sportive des entités engagées.

Un retour à l’esprit sportif

Le basketball gabonais a besoin d’apaisement, de clarté et surtout de respect des textes dans leur ensemble. Ni les conflits personnels ni les lectures intéressées de la loi ne doivent primer sur l’intérêt général du sport. Engong Soldiers et Gladiator doivent définir clairement leur position.

Les institutions doivent retrouver leur vocation initiale servir les athlètes, structurer les compétitions et promouvoir la discipline. Et pour cela, il est urgent que les dirigeants cessent de confondre règlementation et règlement de comptes.

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