Estuaire-Basket-ball Interview exclusive avec le coach double ''A''
Ambroise Ambourouet : « Je reconstruis une âme collective autour de la jeunesse »
Figure emblématique du basket gabonais, Ambroise Ambourouet continue de marquer son époque. Superviseur de l’équipe première de Naba, en première division de la Supra catégorie senior de la Ligue de Basket-ball de Estuaire (Libabe), et directeur technique de la ligue, il partage ici sa vision de la formation, les défis de la reconstruction, et les ambitions mesurées mais sincères d’un bâtisseur passionné. Entretien.
Propos recueillis par Fabrice Guitrie
Fabrice Guitrie: Coach, on vous voit très engagé et concentré sur le banc, parfois avec un ton monté. Quel est votre projet avec cette équipe ?
Ambroise Ambourouet : Merci. Cette saison, on est clairement dans une phase de reconstruction, et ce, à tous les niveaux : l’école de basket, les U15, les U18, et même l’équipe de D2. Nous avons connu un exode important de joueurs, ce qui a impacté notre effectif. Avec le bureau directeur de Naba, on a choisi de reconstruire avec les éléments restants, en intégrant progressivement des joueurs de notre D2 pour renforcer la première division.
L’objectif principal était de bâtir une nouvelle base solide, en s’appuyant d’abord sur la D2 et les U16. Concernant le championnat, on visait simplement le carré d’as, pas les finales, car on savait que l’équipe n’était pas encore prête à aller plus loin. Mais les résultats ont été encourageants, avec des victoires importantes qui nous placent en haut du classement. Pour autant, je reste fidèle à l’objectif initial : reconstruire d’abord, et viser plus haut l’année prochaine.
Fabrice Guitrie: Il y a eu un changement à la tête du club, avec Claude Tchissambo Adossou devenu président de la Ligue, et l’arrivée de Hervé Philippe Nze Mombou. Comment cela a-t-il impacté votre projet ?
Ambroise Ambourouet : Hervé était déjà vice-président de Naba, donc ce n’était pas un étranger au fonctionnement du club. Notre bureau travaille en synergie, pas en solo. Les décisions se prennent collectivement, les idées s’affrontent et se bonifient ensemble. Hervé Philippe Nze Mombou, sur le plan opérationnel, était déjà très impliqué auprès du président Claude Michel Tchissambo Adossou. Une fois les idées posées, le président les validait et Hervé les exécutait sur le terrain. Moi, j’étais à ses côtés, avec le coach Emmanuel et le coach Richard.
Il n’y a pas eu de tensions sur la vision sportive. Le vrai défi, est financier, car le nouveau président a hérité de nombreuses charges. Mais en termes d’organisation, on a même élevé le niveau.
Fabrice Guitrie: Lors du tournoi de détection, quels sont les jeunes qui vous ont marqué ?
Ambroise Ambourouet : Dans nos U16, on a un vivier prometteur. Honnêtement, on était sceptiques au départ, mais au fil de la compétition, leur potentiel nous a surpris. Je peux vous dire qu’il y a au moins huit jeunes avec un avenir. Je ne suis pas leur coach principal, donc je ne veux pas m’avancer plus, mais on a de quoi bâtir.
Si les parents les laissent évoluer ici, dans un cadre stable, sans les faire voyager trop tôt, on aura des pépites à faire éclore localement.
Fabrice Guitrie: Votre équipe a encore survolé le match de ce soir (76-36). Une habitude chez vous ?
Ambroise Ambourouet : (Rires) Ce score reflète le travail de fond. Dans notre reconstruction, l’objectif n’était pas tant les résultats immédiats, mais la montée en puissance collective. Je voulais sortir du schéma où tout repose sur un ou deux joueurs comme Tracy, Sibi ou Ngoua Gildas. J’ai remodelé l’effectif pour révéler ceux qui étaient dans l’ombre. Et aujourd’hui, certains apportent énormément dans des matchs difficiles où nos cadres sont absents.
Je donne le meilleur de moi-même avec ce que j’ai, pour obtenir des résultats cohérents avec notre vision.
Fabrice Guitrie: Hors Naba, on vous sent aussi très proche de Jenny. Des nouvelles ?
Ambroise Ambourouet : Oui, Jenny a connu une période compliquée avec des soucis physiques et surtout les démarches pour sa carte verte aux États-Unis (carte de séjour). Elle m’a souvent appelé, elle me surnomme « vieux », pour me tenir informé. Elle a mis un peu le basket entre parenthèses, mais elle s’est toujours entraînée. Maintenant que tout est en ordre pour ses papiers, elle envisage un retour. Et connaissant sa détermination, elle reviendra en force.
Fabrice Guitrie: Coach, des défis ?
Ambroise Ambourouet : Merci à vous. Je crois profondément en la jeunesse gabonaise. Ce que nous bâtissons aujourd’hui portera ses fruits demain. Il faut juste de la patience, de l'engagement… et du cœur.






Commentaires
Enregistrer un commentaire