Gabon-Élection Fégahand : Sylvain Florient PANGO, un général toujours en mission mais désarmé ?

Par/Fabrice Guitrie

À quelques jours de l’élection du nouveau comité exécutif de la Fédération Gabonaise de Handball (Fégahand) prévue le 2 août, le président sortant, le Général Sylvain Florient Pango Mbembo, poursuit sa tournée électorale. Après Port-Gentil, c’est à Libreville qu’il a présenté ce vendredi son nouveau projet baptisé CAP (Continuité-Ambition- Performance), promesse de renouveau dans la continuité. Mais derrière ce discours maîtrisé, se dessine un bilan contrasté, marqué par des ambitions restées lettres mortes et une discipline en mal de souffle. 

Les forces d’un général engagé

On ne peut nier l’implication personnelle du Général Pango dans la gestion de la Fégahand depuis 2020. Son engagement sur le terrain, son sens de la méthode et sa capacité à fédérer les ligues provinciales ont contribué à maintenir un semblant d’unité dans un handball souvent fracturé. Son initiative FRAP (Formation-Rigueur-Ambition-Performance), bien qu’inachevée, avait suscité de l’espoir, en particulier auprès des jeunes générations.

Avec le projet CAP, il promet cette fois d’aller plus loin. Compétitions régulières dans toutes les catégories, retour à la formation des cadres, et meilleure organisation des ligues avec à ses côtés Maurice Obiang. Il continue d’en appeler à la patience, estimant que les réformes structurelles nécessitent du temps et de la stabilité.

Mais un bilan en demi-teinte

Toutefois, les faiblesses de son mandat sont nombreuses et pèsent lourd sur sa candidature. Une fédération sous-financée malgré son grade militaire et son accès supposé aux sphères de décision, le président sortant n’a pas su débloquer de manière durable les financements publics ou privés, prouvant un peu qu'il ne pèse devant les mécènes ou sponsors. Aucun partenariat d’envergure n’a été noué avec les entreprises, et les subventions étatiques se sont faites rares. Pour une discipline qui demande des moyens (infrastructures, compétitions, encadrement), c’est un échec majeur.

Une discipline en régression, le handball gabonais n’a connu ni éclat international ni relance significative durant ce mandat. Les compétitions nationales sont sporadiques, les clubs peinent à exister, les jeunes talents s’évaporent ou se reconvertissent. Le championnat élite semi-professionnel reste à l’état embryonnaire, et aucune stratégie visible d’exportation des talents n’a été activée.

Une communication hésitante, peu présent dans les médias et sans véritable politique de valorisation de l’image du handball, Pango a laissé le terrain médiatique à ses détracteurs. Son projet CAP, bien que prometteur sur le papier, souffre d’un déficit de visibilité. Peu savent réellement ce qu’il contient en dehors des slogans.

Une opposition crédible, face à lui, Nicole Christiane Assélé revient avec un discours offensif, une expérience reconnue, et une capacité de lobbying supérieure. Si elle divise, elle mobilise aussi, surtout auprès des clubs urbains et d’une partie de la base frustrée par quatre années de stagnation.

Un second mandat pourrait permettre au Général Pango d’achever ce qu’il a commencé, à condition de tirer les leçons de ses échecs. Il devra absolument améliorer sa stratégie de financement, renforcer ses liens avec les ligues, professionnaliser les structures et s’ouvrir davantage à la critique constructive.

Mais surtout, il devra convaincre que CAP n’est pas seulement une nouvelle bannière, mais une véritable feuille de route chiffrée, claire, et portée par une équipe compétente. À l’heure où le handball gabonais cherche un second souffle, il ne s’agit plus de promettre : il faut livrer. En somme, le général-candidat avance avec assurance, mais ses munitions semblent limitées. Le scrutin du 2 août dira si la famille du handball souhaite le reconduire pour « finir le travail »… ou tourner la page.

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