Championnats d’Afrique scolaire : la 2e édition s’ouvre, le Gabon reste étrangement silencieux
Par/Fabrice Guitrie
À l’heure où la deuxième édition du Championnat d’Afrique scolaire s’apprête à rassembler des milliers de jeunes talents du continent, portée par la CAF, la FIFA et les fédérations nationales, une énigme persiste : le silence du ministère gabonais des Sports. Alors que l’Afrique réactive avec enthousiasme cette machine sportive et éducative d’envergure, le Gabon se distingue par une étonnante absence de position. Une attitude incompréhensible face aux enjeux pédagogiques, diplomatiques et de formation que représente ce tournoi.
Un tournoi clé, financé ailleurs, mais ignoré ici
Contrairement à de nombreuses compétitions internationales, celle-ci ne coûte absolument rien à l’État gabonais. Passeports, logistique, déplacements, équipements : tout est intégralement pris en charge par la CAF et par la Fégafoot. Une configuration rare, presque idéale, qui offre à la jeunesse gabonaise l’occasion de briller, de valoriser les établissements scolaires et de hisser le pays sur la scène continentale, sans le moindre impact sur les finances publiques.
Dès lors, une interrogation s’impose : la ministre des Sports, Dr Armande Longo, dispose-t-elle réellement de toutes les informations concernant les avantages de ce tournoi ? Si oui, qui conseille la tutelle au point de laisser passer une opportunité aussi stratégique, alors même que la compétition propose des formations essentielles : agent de joueur, management sportif, coaching, leadership, jeunes reporters, arbitrage, ou encore des programmes destinés à former des dirigeants sportifs de haut niveau ?
Autant de perspectives que le Gabon semble inexplicablement ignorer, alors même que des recruteurs internationaux seront présents, et que ce projet rejoint parfaitement la vision du président de la CAF, Patrice Motsepe, déterminé à aider les nations et les clubs africains à se structurer durablement.
La Fégafoot en attente d’un signal politique
Pour engager officiellement une équipe et organiser une véritable campagne nationale avant la phase zonale, la Fégafoot doit obtenir l’aval de sa tutelle. Une audience, maintes fois évoquée, tarde pourtant à être accordée. Et ce retard interroge, car les bénéfices vont bien au-delà du sport : réhabilitation d’aires de jeux dans les lycées engagés, revitalisation des programmes sport-études, structuration d’un véritable réseau scolaire compétitif à l’échelle africaine.
Ce rendez-vous représente également une opportunité d’image pour le pays, mais aussi pour une Fégafoot engagée dans une dynamique de modernisation qui s’accorde avec la vision du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, fortement investi dans la formation et l’emploi des jeunes. Un boulevard pour des métiers certifiés, ouvrant directement la porte au marché de l’emploi.
Un tournoi qui a déjà fait ses preuves
La première édition avait rassemblé des équipes venues du Bénin, d’Afrique du Sud, d’Éthiopie, du Maroc ou encore du Sénégal, sur la pelouse du stade des Martyrs de Kinshasa. L’ambiance avait été exceptionnelle pour la première fois, des groupes scolaires d’Afrique s’affrontaient dans un cadre continental officialisé.
Les jeunes y avaient découvert une expérience sportive, humaine et initiatique.
« Ce tournoi est bien structuré et c’est une belle motivation pour les garçons et les filles d’être ici », confiait un joueur, impressionné par l’organisation.
Même son de cloche du côté de Ntombifuthi Khumalo, entraîneur sud-africain :
« Quand vous avez 14 ans et que vous prenez l’avion pour la première fois pour aller au Congo, que vous vivez l’ambiance avec les autres enfants, cela nourrit le rêve de devenir un grand joueur. »
Le Gabon y avait d’ailleurs pris part avec fierté, démontrant qu’il avait toute sa place dans ce projet continental.
Le Gabon muet face à une nouvelle chance
Alors que la deuxième édition se prépare activement – avec un projet structuré, financé et prêt à accueillir les sélections scolaires, certains pays ont déjà lancé leurs équipes. Tout le continent se met en ordre de marche.
Et le Gabon, lui, ne dit rien.
À un moment où la jeunesse gabonaise cherche des espaces d’expression, où l’image du pays nécessite des signaux positifs, et où les infrastructures sportives manquent cruellement dans de nombreux établissements, l’inaction du ministère surprend. D’autant plus que la participation nationale ne demanderait aucune dépense publique.
Le Championnat d’Afrique scolaire n’est pas qu’un tournoi, c’est un levier éducatif, un outil diplomatique, une vitrine continentale, un tremplin social pour les jeunes.
Reste à savoir si, au ministère des Sports, quelqu’un finira par saisir la portée de cette opportunité… ou si le silence continuera d’enterrer les ambitions de toute une génération.

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