CAN Handball 2026: à Kigali, le Gabon joue une course contre le temps… et contre les détails
Par/Fabrice Guitrie
À première vue, le départ anticipé d’une partie de la sélection nationale gabonaise de handball vers Kigali peut sembler relever d’un simple choix logistique. En réalité, cette option traduit une orientation beaucoup plus technique et stratégique, dictée par une contrainte majeure une phase de préparation courte, dense et déterminante pour espérer rivaliser dans un groupe B particulièrement relevé a sourcé un membre de la Fégahand, composé de l’Égypte, de l’Angola et de l’Ouganda, lors de la 27ᵉ Coupe d’Afrique des Nations prévue du 21 au 31 janvier 2026 dans la capitale rwandaise.
Avec un premier noyau essentiellement local onze joueurs issus du championnat national le staff conduit par Djasmy Mavoungou Mfoumbi dispose de trois semaines pour poser les bases d’un collectif compétitif avant l’entrée en lice officielle. Dans le handball moderne, où les écarts se creusent autant sur l’intelligence tactique que sur l’intensité physique, ce délai impose une planification millimétrée.
Le choix de Kigali n’est pas neutre. Au-delà des excellentes relations diplomatiques et sportives entre le Gabon et le Rwanda, le cadre rwandais offre des conditions propices à un travail de fond stabilité climatique, infrastructures fonctionnelles, qualité des surfaces de jeu et environnement calme favorisant la concentration. Autant d’éléments essentiels pour enclencher rapidement un cycle d’acclimatation physique et mentale, surtout pour un groupe appelé à évoluer dans une compétition à haute intensité.
Sur le plan technique, cette première phase de préparation doit prioritairement porter sur l’harmonisation des principes défensifs. Face à des adversaires comme l’Égypte et l’Angola, réputés pour leur puissance athlétique et leur vitesse de projection, le Gabon devra réduire les espaces, améliorer la coordination du bloc central et travailler la montée de balle défensive afin de limiter les situations de surnombre. La discipline tactique et la gestion des duels seront déterminantes.
Offensivement, le chantier est tout aussi exigeant. Avec un groupe encore incomplet jusqu’au 5 janvier date annoncée pour l’arrivée des internationaux évoluant en France, en Turquie, au Qatar et en République du Congo le staff doit déjà installer une ossature de jeu claire. Circulation rapide du ballon, exploitation des intervalles, efficacité sur jeu placé et surtout rigueur dans la finition seront des indicateurs clés de la progression du groupe. Le défi consistera ensuite à intégrer les expatriés sans déséquilibrer les automatismes construits avec les locaux.
Cette préparation accélérée implique également un travail poussé sur la condition physique. Enchaîner des matchs de haut niveau sur une période aussi courte nécessite une gestion fine des charges, de la récupération et de la prévention des blessures. Dans un tournoi où chaque détail compte, la fraîcheur physique peut faire basculer un match, voire une qualification.
Pour la Fédération Gabonaise de Handball, représentée à Kigali par le chef de délégation et premier vice-président Sylvain Miloko, cette option de préparation délocalisée répond à une logique de performance. L’objectif n’est plus seulement de participer, mais de créer les conditions minimales pour être compétitif dans un groupe où l’erreur se paie cash.
À Kigali, le Gabon ne prépare donc pas seulement une CAN. Il tente de construire, dans l’urgence maîtrisée, une cohérence de jeu et une identité collective capables d’impacter directement la production des résultats. Dans cette course contre le temps, ce sont les choix techniques, l’exigence quotidienne et la capacité d’adaptation qui feront la différence.

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