CAN TotalEnergies CAF Maroc 2025 : Naufrage des Panthères, l’échec Mouyouma mis à nu

Par/Fabrice Guitrie

La CAN TotalEnergies CAF Maroc 2025 restera, pour le Gabon, comme une douloureuse mise à nu. Au-delà des résultats décevants, c’est surtout le contenu, indigent et sans relief, qui interpelle. Match après match, les Panthères ont exposé leurs limites structurelles, tactiques et mentales. Au cœur de ce constat sévère, un nom revient avec insistance dans les analyses des médias et des observateurs, Thierry Mouyouma. Deux ans après sa prise de fonction, le sélectionneur n’a toujours pas réussi à donner une identité de jeu claire à l’équipe nationale, ni à faire évoluer son groupe. 

Depuis le début de la compétition, le Gabon donne l’image d’une sélection sans plan précis. Aucune chorégraphie pour ressortir le ballon proprement, aucune animation collective identifiable. La relance est systématiquement approximative, souvent réduite à de longs ballons balancés vers l’avant, sans coordination ni occupation rationnelle des espaces. Défense, milieu et attaque évoluent en blocs disjoints, incapables de se trouver ou de se projeter ensemble. Cette pauvreté tactique tranche avec les standards actuels du football africain, où l’adaptation à l’adversaire et la maîtrise collective font désormais la différence.

Les critiques pointent également l’incapacité de Mouyouma à s’adapter en cours de match. Face à des adversaires mieux organisés, le Gabon subit, répète les mêmes schémas inefficaces et semble prisonnier de choix figés. Les ajustements tardifs ou inexistants donnent l’impression d’un staff dépassé par les événements, sans lecture fine du rapport de force.

Autre grief majeur relevé par la presse, la gestion du groupe. Depuis son arrivée, le sélectionneur s’appuie presque exclusivement sur un noyau de joueurs censés “sauver” la sélection. Ecuelé Manga, Aubameyang, Jacques Ekomie, les frères Oyono, Mario Lemina ou encore Kanga sont sollicités en permanence, parfois au-delà de leur rendement réel. Certains, comme Ecuelé Manga, sont pourtant en déclin depuis longtemps, mais restent indéboulonnables. Cette fidélité excessive est perçue comme une forme d’amateurisme, voire de délinquance notoire dans les choix, tant elle bloque l’émergence de nouvelles solutions.

La défense centrale illustre parfaitement ce malaise. Alors que des jeunes profils comme Sidney Obissa existent, ils sont marginalisés au profit d’options usées. Des joueurs à potentiel, considérés comme des “produits vaches à lait”, sont conservés sans que leur rendement ne justifie leur statut. Dans le même temps, des talents offensifs comme Killian Obatiegué, avant-centre reconnu pour sa qualité, ne sont jamais appelés. Lyvann Obissa reste dans l’ombre, Brayan Meyo est écarté, tandis que les retours d’Effaghé ou la situation d’Orphée Mbina interrogent sur la cohérence globale de la politique sportive.

Que reste-t-il alors de l’apport de Mouyouma ? Essentiellement un discours psychologique qui, à un moment, a fonctionné. Cette approche mentale a permis de remobiliser les joueurs lors de la qualification pour cette CAN. Mais aujourd’hui, cet effet s’est dissipé. La compétition marocaine révèle crûment les limites d’un projet sans fondations tactiques solides. La CAN, autrefois présentée comme une étape de confirmation, apparaît désormais comme une qualification tronquée, vidée de son sens par l’absence de progression.

Dans les tribunes comme dans l’opinion, le constat est partagé, le public a compris que Mouyouma n’était pas prêt pour ce niveau d’exigence. Porté un temps par l’effet CTRI et un contexte institutionnel favorable, le sélectionneur a vu ce capital confiance s’éroder rapidement. Le divorce avec le public semble déjà consommé, tant la désillusion est profonde.

Face à cette situation, l’urgence est claire. Le Gabon doit réfléchir à un remplaçant de qualité, capable d’installer une vraie philosophie de jeu. Un technicien qui permette aux joueurs de conserver le ballon, de se situer intelligemment dans les espaces et de créer une corrélation réelle entre la défense, le milieu et l’attaque. Un sélectionneur moderne, à l’écoute des entraîneurs locaux, ouvert au dialogue avec le football national et soucieux de valoriser le vivier plutôt que de s’enfermer dans des certitudes.

Cette CAN 2025 doit servir d’électrochoc. Plus qu’un échec sportif, elle révèle les limites d’un projet et la nécessité d’un changement de cap. Le Gabon dispose de talents ; encore faut-il un cadre compétent pour les organiser, les faire progresser et redonner aux Panthères une identité digne de leur ambition.

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