Football gabonais: quand la performance commence par la protection de l’humain

À Bikélé, la Fégafoot pose les bases d’un environnement sportif plus sûr et responsable

Par/Fabrice Guitrie

La lutte contre le harcèlement et les abus sexuels n’est plus un sujet périphérique dans le football gabonais. Elle s’impose désormais comme une condition essentielle à la performance, à la crédibilité des institutions sportives et à la protection des jeunes talents. C’est tout le sens du séminaire de renforcement des capacités ouvert ce jeudi 26 décembre au Centre Technique de Bikélé, à l’initiative de la Commission de lutte contre le harcèlement et l’abus sexuel de la Fédération gabonaise de football (Fégafoot), dirigée par des  Directeur Sadrick Essono Mounguengui. 

Prévu du 26 au 27 décembre, cet atelier stratégique réunit les représentants des neuf ligues nationales du pays. Ces derniers sont appelés à devenir de véritables points focaux, à la fois relais de la Fégafoot et partenaires opérationnels de la FIFA, dans la prévention et la prise en charge des cas d’exploitation, de harcèlement et d’abus sexuels dans le milieu du football.

Former pour prévenir, structurer pour agir

Coordonnant les travaux, le Pr Georgette Ngabolo épse Mapaga a rappelé la genèse et la portée de cette initiative.

« Je remercie l’OMS qui nous accompagne depuis 2022 dans les activités de la commission. Je voudrais également remercier la Fégafoot qui a financé cet atelier et l’ensemble des actions dont la commission a besoin », a-t-elle souligné, mettant en avant la continuité et la cohérence de l’engagement institutionnel. 

Au-delà des discours, l’objectif est clair, doter les ligues provinciales d’outils concrets de prévention, de détection et de réponse, afin de briser le silence autour de pratiques longtemps tues, mais aux conséquences dévastatrices sur les victimes et sur le développement du football national.

La Fégafoot face à ses responsabilités

Représentant l’instance fédérale, la vice-présidente de la Fégafoot, Clémence Ossey, a insisté sur la responsabilité morale et institutionnelle de la fédération.

« La Fédération gabonaise de football, en tant qu’acteur majeur du football dans notre pays, doit créer un environnement sain pour nos jeunes sportifs, un environnement qui leur permette un plein épanouissement. Nos jeunes sont exposés à ce fléau, et la fédération ne pouvait pas rester indifférente », a-t-elle déclaré. 

Selon elle, ce séminaire marque une étape décisive, car il débouchera sur des mesures stratégiques et la mise à disposition d’outils adaptés aux ligues, afin de faire de la prévention une réalité quotidienne dans les clubs, les centres de formation et les compétitions.

L’OMS: l’athlète performant est d’abord protégé

Présent comme partenaire technique, le représentant permanent de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé le lien étroit entre santé mentale, protection des personnes et performance sportive.

« Quand un jeune athlète est touché par des abus, sa performance n’est pas au rendez-vous. Le sport est un style de vie, et ce style de vie doit se développer dans un environnement sans exploitation ni violence », a-t-il expliqué.

Aux côtés d’autres partenaires comme l’UNICEF, l’OMS répond ainsi favorablement à l’appel de la Fégafoot pour soutenir durablement la commission et contribuer à endiguer les violences sexuelles dans le sport. 

Vers une culture de tolérance zéro

À travers cet atelier de renforcement des capacités en prévention et réponse aux cas d’exploitation, de harcèlement et d’abus sexuels, la Fégafoot envoie un signal fort le football gabonais ne peut plus se construire sur le silence, l’impunité ou la banalisation des violences.

À Bikélé, c’est une nouvelle culture qui se dessine, celle d’un football où la protection de l’humain devient le premier levier de la performance et de la crédibilité dont Mounguengui Pierre Alain (MPA) en a fait une tolérance zéro. Reste désormais à traduire ces engagements en actions concrètes et durables sur l’ensemble du territoire national.