Voyages au Maroc : la Fégafoot prise en otage par un réseau opaque

Un groupe mal intentionné trinque les places

Par/Fabrice Guitrie

Ce qui devait être un déplacement sportif au service de l’intérêt national s’est transformé en une véritable mascarade institutionnelle. Les voyages des délégations gabonaises vers le Maroc révèlent aujourd’hui les relents d’un système trouble, entretenu par certains responsables de la Fédération gabonaise de football (Fégafoot), en totale contradiction avec les instructions pourtant claires du président fédéral. 

Selon des informations concordantes, des individus bien introduits au sein de la Fédération, en connivence avec certains relais au ministère des Sports, auraient sciemment détourné le processus d’établissement des listes de voyage. Des noms initialement retenus ont tout simplement disparu, remplacés par ceux d’amis, de copines et de proches sans aucun lien fonctionnel avec les délégations officielles. Une dérive grave, qui interroge sur la moralité et le sens de responsabilité de ceux qui prétendent gérer le football gabonais. Assis depuis le Maroc il dirige son affaire.

Plus troublant encore, certaines sources évoquent la monétisation de places, transformant des billets d’avion en marchandises, au mépris total de l’éthique sportive et de la bonne gouvernance. Les billets auraient été changés à la dernière minute, les identités modifiées, dans un désordre organisé qui laisse peu de place au doute : il ne s’agit pas d’erreurs administratives, mais bien de pratiques délibérées.

Le paradoxe est saisissant. Ceux-là mêmes qui, hier encore, criaient à la mauvaise gestion et dénonçaient les dérives de l’ancien système, reproduisent aujourd’hui les mêmes travers, avec une audace déconcertante. Le football gabonais paie le prix de ces compromissions. Comment s’étonner alors des résultats décevants, du manque de cohésion et de sérénité autour des équipes nationales ? Le mal, dit-on, ne nourrit jamais le bien.

Dans cette affaire, le président de la Fégafoot, Pierre Alain Mounguengui (MPA), apparaît comme trahi de l’intérieur. Pris en étau par un groupe d’individus qui se comportent davantage comme une mafia de privilèges que comme des dirigeants responsables, il se retrouve aujourd’hui face à ses responsabilités historiques.

L’heure n’est plus aux demi-mesures. Un nettoyage profond s’impose pour restaurer la crédibilité de l’institution, rétablir la confiance et remettre l’intérêt du football gabonais au-dessus des intérêts personnels. La Fégafoot a besoin de sérénité, de rigueur et de transparence, pas de gourous tapis dans l’ombre.

Le football gabonais mérite mieux. Et l’histoire retiendra ceux qui auront eu le courage de rompre avec ces pratiques indignes. 

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